Mon corps est un désert

Mon corps est un désert.

Ma peau est le linceul de mon torse-engelure.
Dans mes veines déferle un foehn : frigide sang
Qui étouffe mon cœur de visqueuses brûlures.
Puis, trop lourd, coagule, et fige mes tourments.

Mes sentiments s’égrènent : ma poitrine est en sable,
Mon souffle se gangrène : mes poumons sont friables.

Du mur de la mer rouge à l’abysse atlantique
Je gis : âpre, aride, agressif, aromantique.
Ayant perdu ma flamme et ma foi je m’étiole :
Pas d’étoile pendue à ma sombre auréole…

Mes ambitions se taisent : l’espoir est un mirage.
Mes damnations se lèvent : demain est un naufrage.

Parfois par piège ou destinée une abjection
Sur la steppe apparaît à mes pensées néantes :
C’est un plat qui m’assaille de ses infections ;
C’est un rien qui me saigne la bouche béante.

Mes actions sont fangeuses : mes mains sont des tumeurs.
Ma vitalité crève : ma cervelle se meurt.

Voilà ce que je suis quand plus rien ne subsiste,
Quand de mes prétentions pas une ne persiste :
Une horrible carcasse à l’esprit dystopiste
Inerte aux émotions et en tout fataliste.

Joachim Laurent

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